Qu’est-ce que le H4CBD ?
Dans la grande famille des cannabinoïdes de la plante de chanvre, j’appelle le H4CBD ! Si vous êtes un aficionado des plaisirs chanvrés, vous avez sans doute déjà croisé cet acronyme un peu barbare qui pullule un peu partout sur la presse spécialisée dans les produits de bien-être et de relaxation. On connaît le cannabidiol, ce cannabinoïde non psychotrope que l’on extrait essentiellement des variétés Cannabis L. Sativa et Cannabis Indica. Mais le H4CBD, c’est quoi ?
L’acronyme fait référence au Hexahydrocannabidiol, un cannabinoïde synthétisé en laboratoire à partir du CBD. Pour les passionnés de chimie, on passe par une réaction d’hydrogénation, en convertissant les deux liaisons doubles carbone-carbone de la partie limonène du CBD en liaisons simples avec l’ajout de quatre atomes d’hydrogène, d’où le « H4 », ou plus précisément, « H4 ». C’est pour cette raison que vous trouverez également le H4CBD sous l’appellation de CBD hydrogéné, ou, plus rarement, de CBD quadri-hydrogéné, pour ne pas le confondre avec le CBD bi-hydrogéné (H2CBD). Le processus est d’ailleurs très proche de celui qui conduit à la fabrication de la margarine à partir de l’huile végétale !
Molécule de H4CBD : pourquoi a-t-elle été synthétisée en laboratoire ?
La première occurrence du H4CBD dans l’histoire remonte à 1940, en pleine seconde guerre mondiale, lorsque l’équipe de recherche du professeur A.R Todd a réalisé une hydrogénation catalytique de haschich égyptien pour obtenir du H4CBD à des fins scientifiques et expérimentales.
Environ 66 ans plus tard, en 2006, un groupe de scientifiques de l’American Chemical Society ont découvert que le H4CBD avait une affinité de liaison très élevée avec le récepteur « CB 1 » du système endocannabinoïde humain, avec donc des effets anti-inflammatoires et apaisants décuplés par rapport aux cannabinoïdes naturellement produits par la plante de chanvre, à savoir le CBD, le CBC, le CBN et le CBG.
Voici donc la réponse à la question « Quel est l’intérêt du H4CBD » : il présente une plus grande affinité avec le système endocannabinoïde et ses effets anti-inflammatoires et apaisants seraient plus intenses que ceux du CBD.
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H4CBD vs. CBD : quelles différences ?
Explorons à présent les 4 différences majeures entre le H4CBD et le CBD pour vous aider à vous faire votre propre avis sur cette molécule.
#1 H4CBD vs. CBD : une différence de source
Le CBD et le H4CBD proviennent tous les deux de la plante de chanvre. Mais si le CBD est un dérivé direct du cannabis, duquel il est extrait par des procédés au CO2 ou à l’alcool, le H4CBD est obtenu en modifiant artificiellement le cannabidiol, par hydrogénation, comme expliqué plus haut.
Par conséquent, le H4CBD est techniquement un cannabinoïde de synthèse… mais nous ne sommes pas non plus dans une molécule « massivement synthétique ». En réalité, le H4CBD est aussi synthétique que la margarine ! Il provient simplement d’une petite modification du CBD. D’ailleurs, ce dernier peut lui aussi être artificiellement synthétisé, mais il n’y a aucun intérêt à le faire, tellement il est abondant dans la nature.
#2 H4CBD vs. CBD : une différence de structure
Le H4CBD a donc été légèrement modifié, avec l’ajout de quatre atomes d’hydrogène supplémentaires à la tête limonène du cannabidiol. Ce changement mineur au niveau de sa structure a manifestement permis de doper l’affinité du cannabinoïde avec le récepteur « CB 1 » du système endocannabinoïde, ce qui explique les effets décuplés ressentis par les consommateurs, ce qui nous amène au point suivant…
#3 H4CBD vs. CBD : une différence sur l’intensité des effets ressentis
On va être très clair sur ce point : la littérature scientifique n’a pas encore suffisamment exploré l’intensité des effets du H4CBD par rapport au CBD. Nous disposons simplement de deux (petites) études que nous allons vous synthétiser, ainsi que de remontées de terrain de quelques consommateurs qui ont expérimenté la molécule. Voici ce qu’il faut retenir :
- Dans la mesure où la différence structurelle entre le H4CBD et le CBD est très minime, les vertus des deux molécules sont similaires. Nous ne sommes pas sur une différence de type, mais (visiblement) sur une différence d’intensité. Ainsi, la consommation de H4CBD s’accompagne de vertus antalgiques (anti-douleur), de propriétés anti-inflammatoires, d’effets apaisants et relaxants ainsi que d’une action antioxydante, comme le CBD et les autres cannabinoïdes de la plante de chanvre (CBG, CBC, CBN, etc.) ;
- C’est une étude parue en 2006 qui a découvert l’affinité décuplée du H4CBD avec les récepteurs « CB 1 » du système endocannabinoïde. Les plus curieux peuvent consulter l’intégralité du papier ici. Cette étude s’est d’ailleurs accompagnée de plusieurs allégations et de beaucoup de spéculation. On a d’ailleurs pu lire dans la presse que le H4CBD serait jusqu’à 100 fois plus puissant que le CBD. Soyons clair : pour l’heure, aucune étude ne permet de confirmer cette estimation qui semble démesurée ;
- Une petite étude publiée en juin 2017 s’est intéressée à la question et a confirmé que l’affinité du H4CBD avec les récepteurs « CB 1 » du système endocannabinoïde était plus forte que celle du CBD. Vous pouvez consulter l’étude ici.
- Enfin, les remontées du terrain sont quasiment unanimes : les consommateurs habitués au CBD et qui ont expérimenté le H4CBD confirment que les effets de la molécule de synthèse (H4CBD) sont nettement plus intenses que les effets de la molécule naturelle (CBD et équivalent). A noter : les consommateurs ont également épinglé un léger effet psychotrope, sans doute lié à la présence de THC à une concentration supérieure aux 0.3 % autorisés.
#4 H4CBD vs. CBD : quid de la légalité ?
Nous ne reviendrons pas sur la légalité du cannabidiol et de l’ensemble des cannabinoïdes non psychotropes de la plante de chanvre. Nous avons développé ce sujet en long et en large dans notre article dédié. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en France, les cannabinoïdes comme le CBD, le CBC, le CBN et le CBG peuvent librement consommés et commercialisés, à condition qu’ils respectent les conditions d’hygiène en vigueur et que leur concentration en THC, molécule psychotrope, soit à l’état de trace (moins de 0.3 %).
Le H4CBD est également concerné par cette loi qui est, rappelons-le, la conséquence directe de la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en 2020, et qui avait considéré que l’interdiction de la commercialisation du CBD dans l’UE était une violation du principe de libre-circulation des marchandises dans la mesure où le cannabidiol n’était ni un stupéfiant, ni un médicament.
Ainsi, le CBD et le H4CBD sont tous les deux légaux dans l’Hexagone, sous réserve du respect des deux conditions citées. Mais il y a une actualité à garder en tête. Ouvrons donc la parenthèse légale.
Quels sont les effets du H4CBD ?
Comme expliqué plus haut, la littérature scientifique autour du H4CBD est encore embryonnaire, mais certaines données issues d’études récentes peuvent nous donner quelques indicateurs.
Déjà, au vu de leurs structures moléculaires très proches, le H4CBD et le CBD produisent probablement les mêmes effets. Ainsi, lorsque le H4CBD est ingéré, inhalé ou consommé en sublingual, il entre en interaction avec les récepteurs du système endocannabinoïde pour induire les effets suivants :
Un effet apaisant et relaxant, utile pour ceux qui souffrent de stress, d’anxiété ou d’épisodes d’insomnie ;
Une action anti-inflammatoire, avec une affinité particulière pour les muscles et les articulations. S’il est appliqué localement, le H4CBD exprimera alors ses effets anti-inflammatoires sur la peau ;
Des vertus antalgiques, calmant ainsi les douleurs aiguës ou chroniques, d’intensité faible à modérée ;
Une action antioxydante qui permet de neutraliser les radicaux libres.
Comme l’explique cette étude scientifique réalisée en 2006, le H4CBD, comme toutes les formes hydrogénées du cannabidiol, semblent avoir une affinité très élevée pour les neurorécepteurs « CB1 » qui se trouvent au niveau du cerveau. Pour comprendre l’impact de cette affinité élevée, il faut revenir au rôle de ces neurorécepteurs dans l’organisme.
Les récepteurs « CB1 » régulent six grandes fonctions physiologiques par un mécanisme de modulation des signaux neuronaux :
Lorsqu'ils sont activés, les récepteurs CB1 influencent l'activité pré-synaptique des neurones. Ils peuvent réduire ou augmenter la libération de différents neurotransmetteurs (comme le GABA, le glutamate, la dopamine, la sérotonine) selon le contexte et moduler ainsi l'excitabilité neuronale et la transmission de signaux dans le cerveau ;
Les récepteurs CB1 inhibent la libération de neurotransmetteurs algiques pour réduire ainsi la perception de la douleur ;
Les récepteurs CB1 situés au niveau de l'hypothalamus stimulent la sensation de faim et influencent le métabolisme énergétique, ce qui conduit à une (légère) augmentation de l'appétit ;
En modulant la libération de neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine, les récepteurs CB1 régulent l'humeur en limitant le stress, l’anxiété et potentiellement la dépression ;
Les récepteurs CB1 affectent la plasticité synaptique, c'est-à-dire la capacité des synapses à se renforcer au fil du temps, avec un impact direct sur la capacité d'apprentissage et la mémoire ;
Les récepteurs CB1 préviennent les lésions neuronales en réduisant la libération excessive de certains neurotransmetteurs.
Le H4CBD semble donc influer, d’une manière que l’on ne connaît pas encore, le fonctionnement de ces récepteurs endocannabinoïdes.
Le H4CBD connaîtra-t-il le même sort que le HHC en France ?
Le 13 juin 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a interdit l'hexahydrocannabinol (HHC) en France. Quel rapport avec le H4CBD ? C’est simple : le HHC est, lui aussi, une molécule de synthèse fabriquée en laboratoire par un procédé d’hydrogénation. Comme le H4CBD, le HHC a été synthétisé pour la première fois dans les années 1940… par la même équipe qui a abouti au H4CBD. Après avoir été commercialisé pendant quelques mois, depuis la fin de l’année 2022, le HHC est aujourd’hui illicite dans l’Hexagone (production, vente et usage). Le H4CBD pourrait-il connaître la même sentence ? Rien n’est moins sûr.
En effet, il a fallu attendre la médiatisation et l’engouement d’une partie des consommateurs, notamment les habitués du chanvre légal, pour que l’ANSM sévisse. Mais il y a une différence majeure qui pourrait jouer en faveur du H4CBD… et c’est le docteur Joachim Müllner qui l’explique sur Doctissimo : « Contrairement au H4CBD, le HHC est un dérivé, non pas de CBD, mais de cannabis contenant des concentrations importantes de THC à partir de l’hydrogénation de molécules de THC, et non pas de CBD ». Et de compléter : « Contrairement au CBD, et donc le plus probablement au H4CBD, le HHC a des effets proches du cannabis classique dont le taux de THC est élevé : effets ‘dysleptiques’, c’est-à-dire altérant le fonctionnement cérébral normal ».
Pour l’heure, le H4CBD n’est pas encore proposé en France, mais il devrait l’être à court terme. « Ce dérivé très récent […] pourrait être proposé sous forme liquide dès cet été en France, et également sous forme de fleur à fumer », croit savoir CNEWS.
Bien entendu, chez 321CBD, nous suivons ce dossier de très près, à la fois sur le volet légal et scientifique. Comme toujours, nous adoptons une politique de prudence et de précaution et faisons le choix de ne pas proposer de produits à base de H4CBD sur notre boutique en ligne en attendant d’avoir davantage de visibilité. Nous continuerons de vous informer sur cette molécule qui semble susciter un certain engouement dans la communauté des aficionados du chanvre légal.
