1. H4CBD vs. HHC : la genèse
Le H4CBD, ou Hexahydrocannabidiol, a été développé dans les années 1940, en pleine deuxième Guerre Mondiale, suite aux travaux du professeur A.R. Todd et ses équipes.
A l’époque, l’intérêt pour les composés dérivés du cannabis s’accentue dans le cadre de la recherche scientifique pour améliorer la prise en charge de la douleur. Les équipes du professeur A.R. Todd ont réussi à isoler le H4CBD en réalisant une hydrogénation catalytique de haschich égyptien.
Techniquement, ce cannabinoïde de synthèse est le résultat d'une légère modification chimique du CBD en laboratoire. Certes, il n’est pas naturellement présent dans la plante de chanvre, mais il n’est pas non plus le résultat d’un processus chimique artificiel massif. On peut le comparer à la margarine, qui est certes synthétique, mais que l’on obtient très facilement en mélangeant de l’eau et de l’huile végétale avec quelques émulsifiants.
Le Hexahydrocannabinol, ou HHC, partage une origine similaire avec le H4CBD. Il a été synthétisé à la même époque, en 1944, par Roger Adams, célèbre chimiste américain et pionnier dans la recherche moléculaire. Cette prouesse s’inscrit elle aussi dans le contexte de la première vague d’intérêt thérapeutique sur le chanvre et ses dérivés.
Le HHC est également issu d’un processus d'hydrogénation, mais pas du CBD. Pour l’obtenir, il va plutôt falloir travailler en laboratoire sur le THC, principal composant psychoactif du cannabis. Concrètement, il s’agira de combiner le Delta 9 THC avec des molécules d'hydrogène afin de transformer le THC en HHC.
Les travaux des professeurs A.R. Todd et Roger Adams ont ouvert la voie aux nombreuses applications thérapeutiques du chanvre que l’on connaît aujourd’hui, notamment dans la prise en charge de la douleur et la recherche dédiée aux troubles neurologiques et neurodégénératifs comme Parkinson et Alzheimer.
2. H4CBD vs. HHC : la méthode de synthèse
Le H4CBD est synthétisé à partir du CBD, qui est donc naturellement présent dans le cannabis.
Nous sommes sur une réaction chimique d’hydrogénation : le CBD est « traité » avec du dihydrogène (H2) en présence d'un catalyseur, typiquement du palladium sur charbon (Pd/C) ou du platine (Pt).
Cette réaction convertit les liaisons doubles carbone-carbone présentes dans la structure du CBD en liaisons simples, en ajoutant quatre atomes d'hydrogène (d'où le préfixe « H4 »). Le processus transforme la structure moléculaire du CBD en augmentant sa saturation et en modifiant ses propriétés physico-chimiques et biologiques.
Le HHC, quant à lui, est obtenu par hydrogénation du THC (tétrahydrocannabinol), le principal composant psychoactif du cannabis. Cette réaction suit un principe similaire à celui qui aboutit au H4CBD, impliquant l'ajout d'hydrogène au THC en présence d'un catalyseur comme le palladium sur charbon ou le platine.
L'hydrogénation élimine la double liaison caractéristique dans la structure du THC, réduisant ainsi ses propriétés psychoactives en fonction du degré d'hydrogénation. Le HHC que l’on obtient in vitro présente une structure chimique modifiée qui impacte son affinité avec les récepteurs cannabinoïdes.
3. H4CBD vs. HHC : les effets ressentis
Parce qu’il est son dérivé hydrogéné, le H4CBD partage plusieurs effets bénéfiques du CBD, mais avec une intensité potentiellement accrue.
La modification structurelle augmente sa biodisponibilité et pourrait potentiellement renforcer son interaction avec le système endocannabinoïde, ce qui se traduit par des effets anti-inflammatoires et anxiolytiques améliorés, ainsi qu’une action antioxydante plus puissante.
Manifestement, la différence des effets entre le H4CBD et le HHC n’est pas une différence de nature, mais une différence d’intensité. Une étude parue en 2006 explique que l’affinité du H4CBD avec le récepteur « CB 1 » est « décuplée » par rapport à l’impact du CBD. Cette conclusion semble s’aligner avec les remontées du terrain des consommateurs… qui notent en revanche un effet psychotrope léger, sans doute à cause de la consommation de produits de H4CBD non traçables et dont la concentration en THC dépasse les 0.3 % autorisés par la loi en France.
La littérature scientifique sur le H4CBD est très limitée, et nous n’avons que des bribes d’informations fiables. Il va falloir patienter pour développer des certitudes sur cette molécule… c’est pourquoi nous avons choisi de ne pas en proposer sur notre boutique en ligne.
Des certitudes, nous en avons beaucoup plus sur le HHC, qui est un cannabinoïde dérivé du THC. Certains avancent que la molécule est très euphorisante, d’autres qu’elle est moyennement enivrante. Une chose est sûre : le HHC est une molécule psychotrope. Et c’est suffisant pour éviter d’en consommer… surtout qu’elle est interdite en France. Ce qui nous amène au dernier critère de comparaison.
4. H4CBD vs. HHC : statut légal en France
En France et ailleurs dans l’UE, le statut juridique du H4CBD est calqué sur celui du CBD : il est parfaitement légal depuis 2020, suite à la décision historique de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) qui avait jugé que l’interdiction de la commercialisation du CBD et de ses dérivés non psychotropes était une violation du principe de libre-circulation des marchandises. Comme pour le CBD, les produits contenant du H4CBD peuvent être librement commercialisés et consommés à deux conditions :
Leur taux de THC ne doit pas dépasser 0.3 % ;
Ils doivent respecter les conditions d’hygiène en vigueur.
Faut-il pour autant en consommer ? Notre position, chez 321CBD, est claire : nous vous recommandons d’éviter de consommer cette molécule qui garde encore une certaine part de mystère.
Le statut légal du HHC est on ne peut plus clair : la molécule a été formellement interdite en France le 13 juin 2023 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Le docteur Joachim Müllner explique sur Doctissimo : « Contrairement au H4CBD, le HHC est un dérivé, non pas de CBD, mais de cannabis contenant des concentrations importantes de THC à partir de l’hydrogénation de molécules de THC. Contrairement au CBD, et donc le plus probablement au H4CBD, le HHC a des effets proches du cannabis classique dont le taux de THC est élevé : effets ‘dysleptiques’, c’est-à-dire altérant le fonctionnement cérébral normal ».