La reclassification du cannabis : un projet qui se concrétise après deux décennies de débats
En avril 2024, une source proche du gouvernement américain avait déjà confié à l'AFP que le cannabis allait être reclassé comme une drogue « moins dangereuse ». Cette information, révélée en premier lieu par l'agence américaine Associated Press, n'avait pas été commentée par la Maison Blanche.
Ce n'est que le 16 mai dernier que la rumeur a été confirmée par le ministère américain de la Justice, qui prévoit un reclassement du cannabis de la catégorie « 1 », qui compte des substances comme l’héroïne et le LSD, à la catégorie « 3 », où l'on trouve des médicaments à base de codéine.
Cette reclassification vise à réduire la perception du danger et de la dépendance associés au cannabis tout en reconnaissant ses usages thérapeutiques potentiels. Notons que la proposition du ministère de la Justice doit encore être approuvée par l’Agence antidrogue américaine (DEA).
Qu’implique ce changement de cap pour la filière du cannabis ?
À l’heure actuelle, les entreprises américaines du secteur du cannabis font face à une lourde charge fiscale en raison de la section 280E du Code des impôts qui leur interdit de déduire leurs dépenses opérationnelles de leurs impôts.
En reclassant le cannabis en catégorie « 3 », ces entreprises pourraient enfin bénéficier d'allègements fiscaux, ce qui améliorerait leur rentabilité et leur compétitivité.
Le marché américain du cannabis a réagi positivement à l’annonce du ministère de la Justice, avec des hausses notables des actions des principaux acteurs du secteur. L’action Curaleaf, par exemple, a fait un bond de 24,6 %.
Cette reclassification va donc favoriser le rendement des entreprises, mais pas seulement. Elle devrait également faciliter la recherche médicale autour du cannabis. En effet, en catégorie « 1 », la recherche sur le cannabis est sévèrement limitée.
En catégorie « 3 », la communauté scientifique pourrait explorer plus librement les bienfaits potentiels du cannabis, notamment dans le traitement de la douleur chronique, de l'épilepsie et des troubles post-traumatiques.
Les répercussions sociales et politiques du reclassement du cannabis
Aux États-Unis, le cannabis est aujourd’hui légal pour un usage médical et/ou récréatif dans 24 États, ainsi que dans le district de Columbia.
Néanmoins, le classement fédéral en catégorie « 1 » expose toujours les utilisateurs et les vendeurs à des poursuites fédérales. Les statistiques montrent que ces arrestations affectent de manière disproportionnée les minorités, notamment les Afro-Américains. En reclassant le cannabis, le gouvernement espère réduire ces injustices et harmoniser les lois fédérales avec celles des États.
La décision de reclasser le cannabis bénéficie d'un large soutien politique et public. Le président Joe Biden a déclaré qu' « aucun citoyen ne devrait être en prison pour utilisation ou possession de marijuana ».
Cette position est partagée par 88 % des Américains, selon une enquête de Pew Research, qui soutiennent la légalisation de la marijuana à des fins médicales ou récréatives. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a également applaudi cette initiative, appelant à la fin de « la prohibition fédérale du cannabis ».