Légaliser le cannabis… pour une raison de santé publique ?
Antoine Léaument, député de La France Insoumise (LFI) pour l’Essonne, prône une approche des stupéfiants centrée sur la santé publique plutôt que sur la répression. Pour lui, « il faut mettre en place des politiques de santé publique basées sur des produits encadrés et légaux ».
En France, environ un adulte sur deux a déjà consommé du cannabis au moins une fois dans sa vie, d'après un rapport publié en 2019 par l’OFDT (l'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies).
Le député LFI soutient que la légalisation permettrait de mieux encadrer la consommation et de garantir des produits plus sûrs pour les utilisateurs, tout en combattant le trafic illégal. Il prend pour exemple le modèle québécois, où une entreprise unique contrôle la vente, avec un réinvestissement des bénéfices dans des programmes de santé publique.
Des doutes persistent quant à « l’efficacité économique » d’une telle décision
D’un autre côté, Alexis Izard, député de l’Essonne et porte-parole du groupe majoritaire, Renaissance, considère la légalisation comme une « fausse bonne idée ». Selon lui, les recettes fiscales issues de la vente légale de cannabis, estimées aujourd’hui à 1,5 milliard d’euros, ne suffiraient pas à financer les politiques de santé publique nécessaires pour traiter les problèmes de santé liés à la consommation de cette drogue dite « douce ».
Izard avertit également que la délinquance pourrait migrer vers des drogues plus fortes si le cannabis venait à être légalisé.
Il exprime aussi des inquiétudes quant aux coûts de production et de vente, et suggère que le prix élevé du cannabis légal ne dissuaderait pas les réseaux illégaux de poursuivre leurs activités, avec un argument de poids : un prix jusqu’à deux fois moins élevé.
Légalisation du cannabis : expériences européennes et perspectives pour la France
En Europe, plusieurs pays ont déjà pris des mesures pour légaliser ou décriminaliser le cannabis. L’Allemagne, par exemple, a récemment légalisé la consommation privée et la culture à domicile, avec des projets d’introduction de Cannabis Social Clubs pour encadrer la production et la distribution. Le modèle allemand ne permet pas la vente au grand public, contrairement à ce qui se fait dans certains États américains ainsi qu’au Canada.
Notons également que Malte a légalisé le cannabis récréatif en 2021, suivie par le Luxembourg en 2023. Ces exemples traduisent une tendance croissante en Europe à adopter des politiques moins répressives et davantage centrées sur la régulation et la santé publique.