Priorités de CLAIM Mauritius pour la réforme du cannabis en 2024
Depuis sa création en 2024, le collectif CLAIM Mauritius s'est fixé pour objectif de dépénaliser le cannabis à Maurice et son intégration encadrée dans le système de santé. Pour ce faire, l'organisation mène des campagnes de sensibilisation et de lobbying et plaide pour des réformes politiques.
Cannabis : une classification contestée et des sanctions disproportionnées
CLAIM Mauritius conteste vigoureusement la classification du cannabis dans l’Île, où il est assimilé à des drogues dures comme la cocaïne et l'héroïne.
Face à cette situation, le collectif propose de fixer un seuil de possession personnelle de 5 à 10 grammes. Cette mesure permettrait de dépénaliser les petits consommateurs et d'orienter les ressources policières vers des trafics plus importants et des activités criminelles plus graves.
L'accès au cannabis thérapeutique : une priorité
Parallèlement à la dépénalisation, CLAIM Mauritius milite pour un meilleur accès au cannabis thérapeutique pour les patients souffrant de pathologies chroniques, notamment qui impliquent des douleurs intenses ne répondant pas aux traitements habituels.
Le collectif salue le projet pilote initié en septembre 2023 à l'hôpital Victoria de Candos, qui autorise la prescription de cannabis médical à des fins de recherche.
Si les résultats de cette phase test s'avèrent concluants, CLAIM Mauritius espère une extension de ce programme à d'autres centres de santé. L'intégration du cannabis médical dans l'arsenal thérapeutique mauricien constituerait une avancée majeure pour de nombreux patients et permettrait de soulager leurs souffrances, surtout en l’absence de certains médicaments opioïdes dans les pharmacies de l’Île.
Le potentiel économique et culturel du chanvre dans l’Île Maurice
CLAIM Mauritius affirme que le chanvre dans sa forme non psychoactive pourrait s'établir comme un secteur d’activité lucratif et créateur d’emplois. Le coût d'une tonne de chanvre Sativa est évalué à 260 dollars (environ 221 euros). Lors de la phase test en 2022, cette activité a généré un revenu de 1.1 million de dollars (937 000 euros) pour le pays qui cherche à diversifier ses sources de revenus au-delà du tourisme et de la canne à sucre.
Le groupe souligne également le profond héritage culturel mauricien lié aux usages traditionnels du cannabis. Historiquement, les ancêtres de l'Île utilisaient le cannabis dans leur alimentation, leurs soins médicaux, la production textile et les rites spirituels. Toutefois, ces pratiques ont été délaissées suite aux politiques prohibitionnistes des puissances coloniales, puis des gouvernements qui se sont succédés.
Réactions et perspectives à l’assouplissement de la législation sur le cannabis
L'autorisation de la culture expérimentale du cannabis en 2021 a été favorablement accueillie dans le pays, en particulier par les patients souffrant de maladies chroniques.
Shirish Rummun, un haltérophile engagé en faveur de la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques, a loué cette démarche. Il perçoit dans cette phase expérimentale une chance d'apporter un soulagement aux patients grâce à des médicaments fabriqués localement.
Toutefois, ce projet rencontre plusieurs obstacles, notamment en matière de contrôle et de prévention contre l'exploitation illégale.
C’est pourquoi le gouvernement mauricien a établi des régulations strictes pour encadrer cette culture, autorisant uniquement les plantations contrôlées par l'organisme FAREI et le ministère de l'Agro-industrie.